jeudi 15.12.2011, 05:11 - La Voix du Nord
Deux laboratoires ont été inaugurés lundi soir au service archéologie de la CAD qui prend une dimension supplémentaire en se dirigeant vers l'expertise et la recherche.
PAR JEAN-LUC ROCHAT
douai@lavoixdunord.fr PHOTOS SAMI BELLOUMI
« Et voici un microscope électronique à balayage environnemental (...) Azote liquide (...) Les électrons vont émettre des rayons X que la sonde peut analyser sous forme de spectre (...) Colore les différents atomes (...)Évaporateur à carbone (...) » etc. Lundi soir, dans les vastes locaux du service de prévention archéologique de la Communauté d'agglomération du Douaisis (CAD), près de deux cents personnes ont dû puiser dans leurs souvenirs scolaires ou universitaires de physique-chimie pour suivre la présentation de deux laboratoires de recherche, objet de cette inauguration. Ceux qui n'ont pas pu suivre mot pour mot ces explications scientifiques (nous par exemple) ont néanmoins compris le message essentiel : le service d'archéologie de la CAD a acquis une « dimension recherche » qu'elle n'avait pas auparavant.
Ces labos - un d'analyse physique, l'autre de restauration - se sont montés progressivement et fonctionnaient depuis quelques mois. Ils rassemblent des appareils coûteux et pointus qui, ce qui surprend, ont été vendus à un prix plus que symbolique - ils ont en fait été quasiment offerts - par des institutions scientifiques. Un microscope à balayage électronique a été donné par les Mines de Douai, un second par un laboratoire de l'université de Nice Sophia Antipolis. Un appareil, dénommé micro-sonde de Castaing, est un don de l'École des mines de Paris. « Cette pratique est courante », signale Pierre Demolon, ancien directeur du service archéologique mais qui est resté dans ces lieux après sa retraite et qui est le directeur de ces deux labos. « C'est grâce à notre réseau de connaissances (surtout grâce au sien, ce que par modestie, cette figure de l'archéologie française n'ose pas dire) que nous avons pu obtenir ces appareils », ajoute-il. Des instruments que la CAD n'aurait jamais pu payer car il y en a pour plusieurs centaines de milliers d'euros. Ces deux labos ont un coût pour la CAD de 170 000 E - dont 40 000 E proviennent des caisses de l'État -, mais c'est ce qu'elle a déboursé pour leur mise en fonctionnement : création de nouveaux locaux sécurisés, contrats de maintenance, etc.
Le résultat est impressionnant à voir. Le même que dans... un labo de recherche avec sa succession de matériels, merveilles techniques, qu'on ne saurait même pas brancher.
« Aucune collectivité locale n'a un pôle archéologique de ce niveau » s'est exclamé, enthousiaste, Christian Poiret, le président de la CAD qui rêve de voir ce service communautaire devenir un pôle d'excellence. Une ambition que M. Demolon précisait en aparté avec la presse : « Notre souhait est d'être reconnu comme un laboratoire de recherche, au même titre que certains labos du Centre national de recherche scientifique.
» Excusez du peu. Le commentaire simple de Marc Drouet, le « monsieur archéologie » au ministère de la Culture, résumait bien le sentiment général : « Je suis impressionné par votre service. » •