Après une première vague de fouilles, à l'été 2010, Michel Bats, qui dirige les travaux de recherche, et son équipe de bénévoles, à savoir 17 étudiants en archéologie venus de toute la France, ont repris du service au mois de juillet. Et fort heureusement !
Le site Olbia avait déjà révélé pas mal de ses secrets l'an dernier, notamment dans la zone située en dehors du périmètre ouvert au public, à deux pas de la plage de l'Almanarre, entre le bord de mer et la route départementale 559 (qui n'était encore qu'un parking en 2009…). Le sol avait en effet été sondé, et un rempart d'îlots grecs ainsi que des thermes romains avaient été mis à jour.
« Unique sur le littoral méditerranéen »
Ce mois-ci, à force de « gratter » la terre antique huit heures par jour, l'équipe d'archéologues, qui a effectué un boulot « monstrueux et crevant », comme le souligne Michel Bats, a fini de dégager le rempart, dont le tracé est régulièrement interrompu par des aménagements liés aux thermes. L'extrémité d'un bassin recouvert d'un enduit hydraulique peint, et un réseau de canalisations complètent aussi, à présent, le plan de ces fameux thermes.
Du « mobilier » (non, non, pas des meubles), c'est-à-dire de la poterie et de la céramique, a également été trouvé durant les fouilles, qui, après avoir été trié, lavé, etc, précisera les datations des ensembles architecturaux.
D'ores et déjà, Michel Bats est capable d'en dire beaucoup : « Une ville a été construite, comme un carré, le long du bord de mer, à la fin du IVesiècle avant J-C. Puis, après un effondrement, il y a eu une reconstruction deux siècles plus tard. Enfin, dans la première moitié du Iersiècle après JC, une grande terrasse a été construite, qui avançait sur la mer, et sur laquelle a été implanté un établissement thermal, sous l'égide d'un"grand personnage". »
Le scientifique poursuit : « Cet établissement, qui abritait sans doute aussi des bains thérapeutiques, était destiné à accueillir les invités de ce personnage, mais également, déjà, des touristes. C'est quelque chose d'unique sur le littoral méditerranéen. »
Il est encore établi que « dans l'îlot fouillé, il y avait un marchand de vin, et d'autres boutiques. »
« En faire une sorte de vitrine »
L'homme, passionné, passionnant, pourrait en parler des heures. Surtout, il indique : « Tout cela nous pousse à poursuivre nos recherches, pour dégager l'ensemble de l'établissement thermal. J'espère que ça va rejoindre le choix de la ville. On pourrait en faire une sorte de vitrine. »
De son côté, Michel Pellegrino, adjoint à la culture, l'assure : « Nous sommes conscients d'avoir un site unique par sa richesse. Nous avons la volonté de continuer, et de travailler sur la préservation des vestiges, la valorisation du site - et, dans ce sens, nous construirons au minimum un centre d'interprétation de ce site - et sur sa visibilité. »Concluant : « Nous allons essayer de faire une troisième tranche de fouilles l'été prochain. »
« Rendre le bord de mer aux gens »
Pour cela, bien sûr, il faut de l'argent. Pour l'heure, seule la municipalité d'Hyères participe (à hauteur de 7 000 euros de frais matériels, cette année, ainsi que la mise à disposition, lorsque cela a été nécessaire, de moyens humains, et notamment les services techniques). Une commission de pilotage va désormais s'atteler à dénicher d'autres subventions.
Michel Bats termine : « Pour moi, ce parking de bord de mer était un crève-cœur. La réhabilitation effectuée est très importante : on va rendre le bord de mer aux gens par ce jardin archéologique. Ils vont pouvoir s'arrêter, face à Giens. Ce rempart peut fournir une limite, et pousser les gens à regarder au-delà. »
Savoir +
Le site archéologique Olbia est ouvert (hormis la portion en chantier située en bord de mer), tous les jours de 9 h 30 à 12 h et de 15 h 30 à 19 h.
Des visites découvertes commentées sont également organisées. Rens. 04.94.65.51.49.